Parfois, dans le silence des mots, de la vie, alors que la musique semble remplir la pièce, alors que la lumière semble illuminé le tout, il n'y a rien. Le fait que je n'ai envie que de prendre en main mes désirs, que le seul désir que j'ai envie soit une paire de lèvre, que je sois dans l'incertitude la plus totale me laisse dans la plus grande des solitudes. Je pourrais certainement aller de l'avant, changer comme certains le disent, devenir quelqu'un, être auprès d'une foule, diriger, mettre en avant ces qualités qui peut-être se cache en mon fond, mais ce n'est pas l'envie qui me domine. Non, j'ai la seule envie de mettre à jour un désir que je crois seulement charnel. Est-ce cela qu'être homme?
L'on m'a dit un jour que nous devions avoir un but pour avancer, sinon nous avançons nul part. Je ne sais pas où je vais, pourquoi je vais, ni comment je vais. J'ai un but, peut-être, mais qui ne m'avance pas. Je remet en question ce but, je le décortique, je ne trouve rien. Désirer des lèvres, désirer embrasser, mettre à nu un corps, un corps si fragile, un corps dont nous possédions à la fois l'âme. Pouvoir parcourir ses mains sur celui-ci, découvrir ces parties que nous cache les vêtements, respirer au même rythme que celui du coeur qui n'est pas le nôtre, sentir une chaude respiration contre notre torse, plonger son regard sans gêne dans celui de l'autre. Regarder, longuement, se languir pour cette personne, être le centre de l'univers pour celle-ci, d'une certaine façon, dans un moment où tout est possible, dans le confort le plus total. J'ai un but, irréalisable, celui de posséder une personne, avec sa volonté, une volonté que cette dernière ne possède pas. J'ai envie de me faire aimé, de l'aimer, non pas juste désirer ce corps que je m'imagine parfois en la regardant, dans un court instant, embrasser, parcourir.
Dès lors, si ce but est un échec, aussi futile semble-t-il, je n'ai plus rien. Je n'avais jamais rien eu, mais avant cela, jamais j'en avais eu besoin de m'en préoccuper. J'avais mes amis, les jeux, l'extérieur, s'assoir et s'accoter sur un arbre, jouer au ballon, sourire, lire, devoir respecter un amalgame de règle idiote et stupide nécessaire au bon développement. Tout, rien, je ne sais plus. Maintenant, je rie toujours, comme si, dans la parfaite conscience, il y avait deux parties de moi, si ce n'est pas plus. Deux parties qui tente de prendre place, l'une oubliant tout ce qui se passe, qui se moque du reste, inconsciente, insouciante, immature, mon passé, celui dont aucune nécessité subsistait. Une autre plus consciente, qui prend en charge tout mes sentiments, qui envie les possibilités que je ne prends pas, que je suis incapable de prendre en charge. Je croyais être fort, peut-être, mais je suis qu'un faible.
Je ne travaille pas, je n'ai pas envie de travailler, j'y trouve aucun sens. Je dis aux autres que la vie est le plus précieux des joyaux mais je n'en prend même pas compte dans mon cas. Je veux oublier, ne pas penser à cette vie, plonger dans une aventure, dans un rêve, oublier ce qui se déroule autour de moi. J'ai besoin de cela pour vivre, car je n'ai aucune raison de vivre. Dans ces jeux, je dois réussir une quête, j'avancerai tant que je n'y suis pas parvenu, et dès que j'ai réussi à accomplir cela, tout s'arrête. Je peux bien continuer, un peu, à tenter d'avancer, mais dès qu'un facteur externe se précipite, j'oublie vite cette étape pour plonger dans une autre.
J'ai envie de pleurer, les larmes ne viennent même pas. J'ai envie de goûter à cette non-existence, à être qu'un corps inapte à bouger, qui rêve, qui ne fait que rêver. Je suis défais, je le crains, je suis… je suis qu'un être qui dépose quelques mots, ainsi, parfois créant un peu d'émoi, sans vraiment le vouloir, poète dans son insouciance, qui ne sais pas ce qu'est l'amour mais qui en parle comme la plus belle chose, qui n'arrive pas à vivre mais qui offre le courage de vivre. Donner sans rien espérer en retour, c'est n'importe quoi. On donne ce que l'on désire le plus, du moins, c'est ce que je fais. Je donnerai mon âme pour que tous puisse vivre la liberté sans raison, juste pour voir ce que ça donne. Mais j'arrive même pas à me lancer, à affronter les choses telles qu'elles sont.
Je ne crois pas en grand chose, j'en ai pas vraiment la preuve. Je préférerai rire que réfléchir, être un idiot pas très futé qui rêve simplement de marcher dans les pas de son père, qui travaille dur, mais j'en suis incapable. Que dieu me pardonne. Si facile à dire. Dieu n'existe pas. Le désir de tout rationaliser de l'homme, le désir de mettre un mot sur chaque chose, de tout comprendre, d'avancer, toujours plus, dans un intérêt infini. C'est bien, mais de là à être stupide, ainsi. Je peine à trouver la raison de notre évolution, mais je tente de rationaliser, c'est plus fort que moi. Expliquer chaque chose, trouver une raison, simplement réfléchir, non travailler.
Combien de fois vais-je devoir le dire. Combien de fois vais-je devoir l'écrire? Tenter de le faire? Je ne veux pas vivre ainsi, je ne veux pas travailler, je veux voler, vivre de mes propres ailes, ne pas penser à tout cela, à toutes ces foutus restrictions, j'ai envie simplement d'écrire, parfois, de réfléchir, d'apprendre sans prendre de note, de retenir par mémoire les éléments important, quitte à me les faire répéter une infinité de fois. J'ai envie de découvrir comme ça, sur le bout des doigts, en faire une expérience, du moins, cette vie. Ce n'est pas un but, faire l'expérience de la vie, je ne sais pas, je m'embrouille. Mes pensés se mélange, tout comme je le suis.
Vivre pour tenter de comprendre, et tant pis si je ne comprends pas. Je ne veux pas être juger par une note, non, je veux discuter, comme ça, librement, quitte à avoir tort ou non. C'est stupide l'école, l'apprentissage, bien souvent. C'est stupide de s'arrêter sur une façon de penser, de ne pas vouloir de sa vie, de ne pas agir comme on le conçoit, de s'arrêter pour si peu, de ne pas voir clair en soit, de ne pas dire ce que l'on pense. C'est stupide de se faire souffrir, d'aimer. C'est stupide de vivre, c'est stupide de rêver, de travailler, d'être au jour le jour. Tout est stupide, mais la stupidité rend le tout parfois si simple à vivre. Ne pas avoir peur des apparences, ne pas se fier à ceci où cela. Je radote, je risque de tout oublier, de m'oublier, encore une fois, jusqu'à ce que je retourne dans cet état de conscience temporaire où je prends véritablement le temps de m'attarder un peu. Aujourd'hui, ce soir, c'est légèrement différent, peut-être. J'ai décidé de mettre sur papier un rien, sans raison, juste peut-être pour ne pas oublier, pour partager, pour apaiser cette tristesse au fond de moi.
Je ne comprends absolument rien, surtout pas moi. Mon but est peut-être de comprendre, mais je ne désire pas avancer, j'aurais envie de tout abandonner, de tout laisser derrière, j'aurais envie de goûter à la vie. Je m'oublie, j'oublie tant, et pour se dire que je n'oublie pas, j'oublie volontairement. Je suis con, stupide, même naif. J'espère pouvoir être comme un héros par moment, sauver le monde, voler à la rescousse des autres, être remarquer, être l'ombre, disparaitre, avoir des pouvoir, mourir, aimer, m'amuser plus, tout oublier. J'ai honte, j'ai peur, j'ai envie, je suis triste, en colère, je me hais, je me hais de ne pas pouvoir lui dire clairement, je me hais de la voir ainsi détourner le regard, je me hais d'avoir ainsi été et de vouloir une chose qui m'est impossible. Je me hais de désirer ainsi une femme qui ne me désire pas, une beauté comparable à tout ce qu'il y a de beau sur la planète. Rien ne l'égale, à mes yeux, je pourrais plonger mon regard indéfiniment dans le sien, je pourrais lui décrocher la lune, imaginer mille et une tentative, mais cela ne reste que l'imagination. Je suis un incapable, je ne sais même pas parler, seulement écrire, et même là, parfois, je blesse plus que j'aide. Qui suis-je moi pour être aussi con? Pourquoi avoir une conscience si c'est pour se torturer ainsi?
Puis, s'il n'y avait que cela. S'il n'y avait seulement ce petit sentiment, rien de plus. Ce serait très simple, très facile. J'aurais juste à me préoccuper de lui, un peu plus, ou l'oublier, comme je fais avec le reste. Mais ça, c'est impossible. L'oublier. Tant qu'elle est là, tant que j'aurai accès à elle, à son corps, il me sera impossible. Je l'aime, ou la désire. J'ai envie d'elle, peut-être serais-je prêt à la violer. Peut-être, si l'instant de folie me prend, si je finissais par perdre le contrôle de moi, ce contrôle stupide, celui qui me fait questionner. Peut-être que la peur me quitterait, peut-être que je pourrais aller, là, l'embrasser, elle resterait figé. Peut-être que si j'avais pas gâcher ma dentition, elle aurait apprécié. Si j'avais été moins bête, elle aurait peut-être voulu de moi, mais je ne suis qu'un gâchis.