Porter un masque, une habitude qui n'est pas née avec la grippe porcine au JaponLe port de masque de protection contre la grippe porcine s'est généralisé dans les zones les plus touchées par l'épidémie, provoquant surprise voire inquiétude. Mais cette pratique ne choque personne au Japon, où elle est répandue en toute saison contre les microbes.Le voyageur débarquant dans l'archipel est souvent frappé de voir, dans le métro et les rues des villes nippones, de nombreux Japonais porter un masque à toute période de l'année. Ces protections placées devant le nez et la bouche sont censées stopper les microbes, poussières et pollen. Pas moins de 42 fabricants sont répertoriés dans le pays.
"Le Japonais est très à cheval sur la propreté et l'hygiène", explique Naoya Fujita, directeur de l'Association japonaise des industries de l'hygiène. Selon lui, "la volonté de se protéger des maladies fait partie intégrante de la psyché japonaise. Ce sentiment est plus fort que la gêne occasionnée par le port d'un masque en public". Il ajoute qu'au Japon, la politesse exige de tout faire pour éviter de contaminer les autres lorsque l'on souffre d'un rhume.
Quelque 1,96 million de masques de tous types ont été fabriqués en 2007: contre les virus ou bactéries, le pollen, la pollution, l'air sec des cabines d'avion ou tout simplement pour réchauffer son visage pendant l'hiver.
Bien que le Japon n'ait pour l'instant enregistré aucun cas de grippe porcine sur son territoire, les ventes ont augmenté depuis que l'épidémie liée au virus de la grippe A (H1N1) s'est déclenchée au Mexique. L'un des principaux fabricants, Unicharm, a augmenté sa production après avoir vu ses ventes quadrupler l'objectif affiché pour le mois d'avril, selon une porte-parole du groupe.
Lors d'une émission télévisée, des experts ont affirmé que les masques antigrippe japonais protégeaient mieux que leurs équivalents mexicains, grâce à un tissu de fibres plus dense.
Le port de masques de protection s'est répandu dans l'archipel au début du XXe siècle, lorsque l'industrialisation du pays a augmenté la pollution de l'air. Il s'est généralisé face à la pandémie de grippe espagnole en 1919 et après le grand tremblement de terre de la région de Tokyo en 1923 qui avait provoqué une crise sanitaire. Depuis, le masque est devenu courant. Son utilisation connaît un pic en période d'inquiétude, comme lors de l'épidémie du SRAS qui avait frappé l'Asie en 2003. De nombreux Tokyoïtes allergiques le portent aussi contre le pollen provenant des vastes forêts de la région de la capitale.
Des masques "en vogue" font leur apparition et disparaissent selon la mode du moment, du tissu imprimé du chat "Hello Kitty" à la griffe des grandes marques. Les modèles les plus chics d'Unicharm comprennent une série limitée ornée de bijoux et un exemplaire sur lequel le rouge à lèvres ne déteint pas.
Basique ou élaboré, l'essentiel reste sa protection réelle ou supposée. Un journal anglophone nippon a publié un article mettant face à face médecins japonais, partisans du masque, à des homologues anglais, persuadés de sa futilité. "C'est mieux que rien, mais cela ne peut complètement arrêter un virus circulant dans l'air qui peut s'introduire par les interstices" entre le masque et le visage, selon Yukihiro Nishiyama, professeur de virologie à l'université de médecine de Nagoya. Pour se protéger, "le mieux reste d'éviter la foule, particulièrement dans les espaces clos", conclut-il.
Source : Aujourd'huilejapon.com