http://fr.news.yahoo.com/3/20090830/twl-japon-elections-synthese-2f4e741.htmlLe long règne du Parti libéral-démocrate (PLD, conservateurs) a pris fin au Japon. Au pouvoir depuis 54 ans, le PLD du Premier ministre Taro Aso a reconnu sa défaite aux élections législatives, remportées dimanche par le Parti démocrate du Japon (PDJ, centre-gauche).
Selon les sondages à la sortie des urnes réalisés pour les principales chaînes de télévision, le PDJ est très largement en tête avec 300 à 315 sièges sur 480 au Parlement, contre 100 à 112 pour le PLD.
"Ces résultats sont très sévères", a reconnu M. Aso lors d'une conférence de presse. "Il y a eu une grande insatisfaction vis-à-vis de notre parti", a-t-il déclaré. Il a déclaré qu'il assumerait la "responsabilité" de la défaite en "démissionnant de la présidence du PLD". Le secrétaire général de la formation, Hiroyuki Hosoda, avait auparavant annoncé son intention de quitter ses fonctions.
Le PLD va donc être rejeté dans l'opposition, une véritable révolution: le parti était au pouvoir au Japon quasiment sans interruption depuis 1955, à l'exception d'une parenthèse de onze mois en 1993-1994. Après les premiers sondages à la sortie des urnes diffusés dès la clôture du scrutin à 20h (11h GMT), les résultats officiels étaient attendus tôt lundi matin (dimanche soir vers 19h GMT).
Plus de 100 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour renouveler les 480 sièges de la Chambre des députés (chambre basse du Parlement). Le nouveau Premier ministre sera élu par les députés lors d'une séance spéciale, probablement vers la mi-septembre. Taro Aso, 68 ans, devra céder son fauteuil au chef du PDJ, Yukio Hatoyama, 62 ans. "Le pays est très en colère contre le parti au pouvoir et nous sommes très reconnaissants du profond soutien" des électeurs, a commenté M. Hatoyama. "Nous ne serons pas arrogants et nous écouterons le peuple", a-t-il assuré.
Les derniers sondages avant le scrutin ont confirmé la perte d'influence du PLD dans l'opinion et le net avantage du PDJ. Les démocrates étaient ainsi crédités de 39% des intentions de vote (plus trois points par rapport au mois dernier), contre seulement 20% pour les libéraux-démocrates, dans un sondage publié vendredi dans le grand quotidien "Mainichi".
"Le parti au pouvoir a trahi le peuple au cours des quatre dernières années, amenant l'économie au bord du gouffre, accumulant plus de 6.000 milliards de yens (45 milliards d'euros) de dette publique, gâchant de l'argent, ruinant notre système de sécurité sociale et élargissant le fossé entre riches et pauvres", a accusé avant le scrutin le PDJ.
"Nous allons changer le Japon", a promis le parti, dont la plateforme électorale a mis l'accent sur des mesures d'ordre social: soutien aux revenus agricoles, allocations mensuelles pour les demandeurs d'emploi en formation, hausse du salaire minimum, réductions d'impôts. Le PDJ souhaite également encourager la natalité, en versant aux familles une allocation de 26.000 yens (194 euros) par mois et par enfant jusqu'au collège. La population du Japon (127,6 millions d'habitants en 2006), en déclin, ne devrait plus atteindre que 115 millions en 2030 et tomber sous les 100 millions au milieu du siècle.
Le programme électoral du PDJ, destiné selon le parti à relancer l'économie du pays, représente une facture estimée à 16.800 milliards de yens (125 milliards d'euros). Ses détracteurs soulignent qu'il alourdira encore plus un déficit public déjà considérable.
Pour le gouvernement sortant et le PLD, la situation s'est encore assombrie avec la publication vendredi des plus mauvais chiffres du chômage de l'histoire du Japon: en juillet, le nombre de demandeurs d'emploi a atteint son niveau le plus élevé de l'après-guerre, avec un taux de 5,7%.
Contesté comme jamais auparavant dans son hégémonie, le PLD a tenté durant la campagne -apparemment sans grand succès- d'en appeler à un réflexe légitimiste des électeurs, dans le contexte d'une grave crise économique marquée par un chômage au plus haut, une déflation persistante et un recul de la consommation des ménages. AP