Lala contemplait le dos d’Eiji qui filait droit devant elle sans avoir l’air de l’attendre. Elle chassa l’image des yeux rouges de colère d’Eiji.
Les yeux d’un assassin se dit-elle sans le vouloir
Et pourtant il lui avait sauvé la vie. Elle devait le remercier, elle le savait fort bien. Elle se tourna un court un instant vers elle, elle se figea refusant de lever la tête pour ne pas revoir ces yeux remplis de fureur.
- Ca va mieux ? Lui demanda-t-il
- Oui ça va… dit-elle hésitante
- Alors ça va… murmura-t-il
Le ton de sa voix la força à lever la tête. Elle fut frappée par l’expression du regard d’Eiji : une tristesse immense de quelqu’un qui se sait condamner quoiqu’il dise. Il reprit sa marche et de nouveau, elle ne vit que son dos.
Est-ce le fruit de mon imagination ? Non, j’ai bien vu…. Pourquoi ?
En contemplant ce corps qui avançait devant elle, elle perçut sans qu’elle le veuille la solitude glacée dans laquelle par sa peur, elle l’avait jeté. Elle sentit le remord poindre en elle et elle ne put parler.
Que dois-je lui dire ?
Eiji savait qu’il aurait du dire quelque chose pour la rassurer mais il ne trouvait rien.
De toute façon, ça ne sert à rien, elle a peur de moi…
Il se demandait si un jour, une fille pourrait l’aimer, ne pas avoir peur de lui, se sentir rassurer par sa présence.
Ce ne serait pas Lala en tout cas… Ce sera peut-être personne….
Le regret l’envahit. La maison où les attendaient Yuyu et Noesima jetait une douce lumière qui réchauffait l’obscurité de la nuit. Lala en fut rassuré. Pour Eiji, il ne sentit rien qu’un froid immense.
La seule personne qui l’avait aimé… Noesima… en aimait un autre maintenant songeait-il en se broyant lui-même le cœur. Il rentra le couple les attendait.
- tu vois, ils vont bien dit Yuyu
-Heureusement, j’ai eu si peur répliqua Noesima
- il n’y a pas de quoi, Eiji était là pour protéger Lala rétorqua Yuyu Rien a signalé ?
- non rien à signalé répondit Eiji en filant droit vers les escaliers.
Noesima jeta un coup d’œil sur le visage pâle de Lala puis enfin sur le dos d’Eiji. Elle vit les mains d’Eiji et elle comprit.
- Tu peux t’occuper de Lala ? demanda Noesima à Yuyu en se dirigeant vers les escaliers
- Bien sûr… répondit Yuyu sans attendre une explication comprenant Noesima sans besoin qu’elle ne parle.
Yuyu fit assoir Lala sur le canapé.
- Je vais t’apporter du thé lui dit il
Dans la salle de bain, Eiji se lavait les mains en contemplant son visage dans la glace. Comme il les détestait ces yeux là. Il sentit alors qu’il n’était plus seul. Noesima était là appuyée sur la porte de la salle de bain fermée. Elle lui tendit une serviette pour qu’il puisse s’essuyer les mains.
- Tu t’es battu, hein ? lui demanda-t-elle
- Ca ne te regarde pas ! lui lança-t-il furieux
Elle soutenait son regard sans baisser les yeux, elle soupira :
- Je vois que tu as décidé de jouer au sale type…. Mais tu n’es pas un sale type, Eiji.
- Et comment peux-tu le savoir ?! reprit-il
- Je le sais c’est tout. Et si tu pars, elle ne le saura pas lui dit-elle
- De qui tu… ! tu… ! je m’en contrefiche ! s’écria-t-il stupéfait qu’elle lise aussi bien dans ses pensées.
- Eiji, laisse-lui le temps…. Lui dit-elle en s’approchant de lui et entourant ce corps tourné vers la glace de ses bras fraternels
Il sentit cette étreinte l’apaiser tout en réveillant en lui la pensée que ces bras-là ne l’aimaient pas comme il l’avait désiré.
Tiens… J’en parle au passé pensa-t-il
- Laisse lui le temps reprit Noesima et elle découvrira qui tu es réellement….
Dehors, la femme à la chevelure d’ébène souriait tout en sentant l’angoisse grandir en elle. Elle sentait la Chose pas loin d’elle guettant le moment propice pour semer le Chaos, elle frissonna.
Tant que Noesima est là pour les guider, tout ira bien pensa-t-elle.
Elle n’osait penser ce qui pourrait se passer si Noesima n’était pas.
- Noesima guide le réveil de Lala, la fée, toi seul peut l’éveiller murmura-t-elle
En descendant les escaliers, Noesima s’arrêta :
Qu’est-ce que… ? A l’instant, cette voix ?