Le président russe Dmitri Medvedev s'est rendu lundi aux îles Kouriles, une première pour un chef d'Etat russe depuis 1945 sur ces territoires, objet d'une dispute avec Tokyo depuis la Seconde guerre mondiale.
La visite-éclair de quatre heures de M. Medvedev a suscité l'indignation au Japon, le Premier ministre Naoto Kan la jugeant "très regrettable", Tokyo considérant que quatre des îles de l'archipel font partie du "territoire japonais".
Le chef de la diplomatie japonaise, Seiji Maehara, a pour sa part convoqué l'ambassadeur de Russie, Mikhaïl Bely, en geste de protestation. Mais ce dernier a rappelé que, pour Moscou, il s'agissait "d'une affaire intérieure russe".
Dans ce contexte, une source au sein du ministère russe des Affaires étrangères a déclaré à l'agence Interfax ne pas comprendre pas la colère japonaise: "Nous ne comprenons pas la réaction de la partie japonaise. La position russe reste la même et elle n'a connu aucun changement".
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait souligné samedi que le président russe était libre de choisir "les régions russes" qu'il visite et jugé qu'il n'y avait "aucun lien" entre une visite aux Kouriles et les relations russo-japonaises.
Medvedev s'est rendu lundi à Kunashir, l'une des quatre îles de l'archipel contesté, appelées en Russie Kouriles du Sud et Territoires du Nord au Japon. Ce déplacement controversé intervient alors que le président russe est attendu au Japon pour le sommet de la coopération économique Asie-Pacifique (Apec) le 12 novembre.
Le président russe avait prévenu fin septembre qu'il allait se rendre aux Kouriles, "une région très importante" de Russie, provoquant de vives protestations de Tokyo.
Cette échange d'amabilités russo-japonaises tranche avec l'optimisme affiché en juin par le Premier ministre japonais qui avait jugé que "de meilleures conditions" étaient en place "pour avancer" dans les relations bilatérales, y compris sur la question des Kouriles.
Quatre îles
Il avait même estimé avoir pris un "bon départ pour établir des relations de confiance personnelle avec le président Medvedev".
Le Japon est le deuxième partenaire commercial de la Russie en Asie après la Chine, avec des échanges atteignant 30 milliards de dollars en 2008, contre quatre milliards en 2005.
Moscou et Tokyo se disputent quatre îles de l'archipel des Kouriles (Habomai, Shikotan, Etorofu et Kunashiri dans leur dénomination japonaise). Elles avaient été annexées par les Soviétiques le 18 août 1945, trois jours après l'annonce de la capitulation du Japon. Etorofu est appelée Iturup par la Russie et Kunashiri est appelée Kunashir.
Ce différend empêche depuis 65 ans la signature d'un traité de paix entre les deux pays.
Lors de la présidence de Boris Eltsine, Moscou avait songé à restituer ces territoires au Japon, mais l'opposition des nationalistes et des communistes avait anéanti ce projet.
L'ex-président russe et actuel Premier ministre Vladimir Poutine avait proposé en 2004 de restituer sous condition deux des quatre îles, mais Tokyo a jugé la proposition inacceptable.
Après l'arrivée au Kremlin de Dmitri Medvedev, les Japonais ont exprimé leur espoir de voir un compromis émerger, mais aucune avancée n'est intervenue.
L'archipel, une longue chaîne de petites îles volcaniques, s'égrène en arc entre la presqu'île russe du Kamtchatka au nord et la grande île japonaise d'Hokkaïdo au sud.
(Source AFP)