Le Premier ministre russe Vladimir Poutine se rend au Japon pour une visite axée sur l'économie et le commerce entre les deux pays, tandis qu'aucune avancée n'est attendue sur le conflit territorial autour des îles Kouriles qui mine leurs relations.Le chef du gouvernement russe doit arriver lundi soir à Tokyo après un passage éclair à Komsomolsk-sur-Amour dans l'Extrême orient russe.
Au Japon, M. Poutine doit rencontrer l'actuel Premier ministre Taro Aso, ainsi que certains de ses prédécesseurs et des représentants du principal parti d'opposition, avant un déjeuner avec des hommes d'affaires russes et japonais. Durant cette visite, les deux pays devraient signer plusieurs accords, notamment un sur le nucléaire civil qui doit permettre une augmentation des livraisons d'uranium au Japon.
Moscou a par contre exclu toute discussion approfondie sur le différend territorial qui l'oppose à Tokyo depuis 1945, lorsque l'URSS avait envahi l'archipel des Kouriles dont les quatre îles les plus au sud n'avaient jamais appartenu à la Russie. Le directeur adjoint du cabinet de M. Poutine, Iouri Ouchakov a mis en garde les Japonais contre des "attentes démesurées" qui conduiraient à "des déceptions" sur ce sujet. "Nous sommes prêts à discuter, jusqu'à un certain point, de certaines hypothèses", a-t-il prévenu, mais "nous ne sommes pas prêts à abandonner les îles". Il a insisté sur le fait que ce dossier ne devait pas pour autant handicaper les relations commerciales russo-japonaises, alors que Tokyo souligne que l'absence d'un traité de paix entre les deux pays, en raison de ce différend, freine le développement des liens économiques.
L'ambassade du Japon a pour sa part diffusé vendredi un communiqué, indiquant qu'en février le président russe Dmitri Medvedev avait souhaité "une approche originale, nouvelle" sur ce problème, laissant espérer à Tokyo un compromis.
Mais en réalité MM. Poutine et Medvedev sont "des frères siamois" en ce qui concerne ces îles que le Japon appelle "territoires du Nord", estime le professeur de relations internationales à l'Université Aoyama Gakuin, Shigeki Hakamada. "Je suis sûr que le Premier ministre Aso va soulever la question lorsqu'il verra Poutine, mais je ne pense pas que le Premier ministre russe en parlera sérieusement cette fois-ci", a-t-il noté.
Moscou serait d'autant moins enclin à remettre en cause le statu quo, que les relations économiques avec Tokyo s'approfondissent: le Japon est le deuxième partenaire commercial de la Russie en Asie après la Chine, avec des échanges atteignant 30 milliards de dollars en 2008, contre quatre milliards en 2005. "Je ne sais pas si (un règlement du conflit) changerait quelque chose, en tout cas les liens se développent", souligne Viatcheslav Lounine, qui dirige une organisation de promotion des relations avec le Japon et qui est proche du patronat russe. Les constructeurs automobiles japonais Nissan et Toyota ont ouvert des usines en Russie, alors que sur l'île russe de Sakhaline (Extrême orient), la Russie a inauguré en février sa première usine de gaz naturel liquéfié (GNL) dont la production sera en grande partie vendue au Japon.
Enfin, sur une note plus détendue, Vladimir Poutine, ceinture noire de judo, présentera à Tokyo mardi, la version japonaise de son livre sur ce sport, ainsi qu'une vidéo sur cet art martial avec le judoka japonais Yasuhiro Yamashita, un ancien champion du monde.
Source : Aujourd'huilejapon.com